Riad El Mahmoudy & Liz Waterman

Liz Waterman est une artiste émergente de la vidéo et de la performance basée à Montréal. Inspirée par le mouvement post-internet des années 2010, son travail traite des conséquences tangibles de la culture contemporaine des médias sociaux. Son travail met l'accent sur le rôle de la performativité dans les environnements en ligne, en se concentrant sur la façon dont la nature de la performance sociale constante modifie nos perspectives sur ce qui est public et ce qui est privé. Traitant ces plateformes numériques comme des espaces de performance à part entière, elle cherche à analyser de manière critique la dynamique sociale de l'internet tout en y contribuant. Motivée par la richesse des médias sans auteur qui circulent en ligne et guidée par une philosophie de contribution plutôt que de propriété, Waterman utilise la vaste gamme d'images qu'elle rencontre en ligne dans son travail, s'intéressant particulièrement à la manière dont ces images tendent à refléter la réalité et à la construire simultanément. En travaillant avec ces images et en exploitant leurs significations codées, Waterman tente de refléter notre expérience contemporaine, en nous aidant peut-être à comprendre comment la réalité sociale fonctionne réellement à une époque où l'on vit principalement en ligne. 

Riad El Mahmoudy est un programmeur, un artiste de la robotique et un peintre actuellement basé à Montréal. Son travail tente de mettre en lumière les sous-cultures de la jeunesse qui se développent en ligne au Maroc, son pays d'origine. Grâce à ses recherches, principalement menées sur les réseaux sociaux, El Mahmoudy cherche à capturer de manière réaliste les contestations, les frustrations, la violence et l'esprit d'un Maroc post-internet dans ces espaces en ligne. Rejetant catégoriquement l'auto-orientalisme, son travail confronte le public occidental à une représentation « non raffinée », encombrée et à faible résolution de l'ethos virtuel changeant du sujet. Avec ses oeuvres, il maintient une couche de malaise et d'intrusion et affronte de manière critique le relativisme culturel à l'ère du numérique. 

Tirant son nom de la pratique sociale démodée qui consistait à se réunir physiquement pour jouer à des jeux vidéo, LAN Party est un site web multi-utilisateurs qui vise à recentrer l'aspect communautaire inhérent à l'utilisation de l'internet. Installés dans la galerie, deux moniteurs sont juxtaposés, incitant deux utilisateurs à interagir simultanément avec l'œuvre. L'interface utilisateur du site émule les styles de conception web populaires de la fin des années 2000. Le site se présente comme une poupée russe d'éléments cliquables, l'un menant à l'autre, entraînant l'utilisateur dans un voyage à travers différentes parties d'Internet. Les pages incluses dans ces liens sont composées à la fois de médias trouvés et de médias de première main. Tout en imitant la nouveauté de l'expérience de navigation des adolescents, le contenu de ces pages varie pour susciter les diverses répercussions émotionnelles de la curiosité humaine, du plaisir à l'effroi. Par exemple, des pages LiveJournal fictives, des salons de discussion anonymes actifs, des sites web pornographiques spécialisés, des vidéos qui s'adressent directement à l'utilisateur, etc. Alors que la navigation s'intensifie, une série de pop-ups inéluctables et programmés apparaît sur chacun des six écrans, obligeant les utilisateurs à être conscients de la présence physique de chacun d'entre eux. Ces pop-ups se manifestent de différentes manières, toutes faisant allusion à la nécessité d'un engagement collectif. Certains pop-ups seront aussi simples que des méta-déclarations faisant référence à des éléments de l'environnement partagé par les utilisateurs, invitant ces derniers à remarquer leur environnement. D'autres seront plus complexes, comme des images diffusées en direct par la webcam d'un autre utilisateur, incitant les utilisateurs à regarder autour d'eux quel visage ils voient sur leur écran. Par le biais d'interventions brèves mais puissantes, ces pop-ups servent à réduire les écarts entre l'individuel et le mutuel, en étayant la notion de communauté en ligne.

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